HISTOIRE DE LA SAGESSE D’HAUBOURDIN 


I. LA FONDATION DE L’ETABLISSEMENT.


L’Ecole est fondée en 1820 par Mme Louise Legrand, religieuse chassée de son monastère par la Révolution. En 1840, celle-ci confie l’établissement aux Filles de la Sagesse. « Cette excellente dame s'était acquis l'estime et l'affection de tous les habitants par la bonté la plus franche et la plus cordiale, et par une générosité sans bornes qui la rendait la mère des pauvres. Mais cette vénérable fondatrice avançait en âge, et l'épuisement de ses forces lui rendait chaque jour plus difficile la noble tâche qu'elle s'était imposée » (J.B. Tierce, 1860).


Selon un historique de La Sagesse écrit vers 1900, les Sœurs « éprouvèrent d’abord des peines de tout genre dans cet établissement (..) le désordre était complet. Les bâtiments mal entretenus tombaient en ruines, les pensionnaires avaient pour dortoir des greniers (..) elles étaient au nombre de 70 dont 40 internes et elles oubliaient gaiement les désagréments (..) en se livrant à la dissipation et même aux plus graves légèretés (..)». Pour régler ces problèmes, des travaux furent entrepris et l’effectif « ne tarda pas à être réduit  à une quinzaine de jeunes filles remplies d’excellentes dispositions..».


En 1841, Mme Legrand (décédée en 1849) vend à la Congrégation sa maison, deux jardins, des cours et une prairie et entre dans les ordres.


II. UNE FORTE PRESENCE A HAUBOURDIN AU XIXe S.


 L’œuvre des Filles de La sagesse dans notre ville sera  vite multiforme :


- Pensionnat de Jeunes Filles, au 49 rue Vanderhaghen.

- Présence à l’Hôpital-hospice.

- Enseignement dans les classes communales, gratuites pour les enfants pauvres.

- Ouvroir communal pour les enfants des classes gratuites qui en sortent après leur 1ère communion et ouvroir payant.

- Asile communal (40 enfants en 1859) et asile payant. Orphelinat Saint-Augustin.

- Classe du soir pour adultes (1863).

- Cours pour les ouvrières de certaines fabriques et encadrement (contre-dames à la manufacture ce corsets).

- Distribution de soupe aux enfants pauvres.


Dès 1866/68, le Pensionnat présentait des élèves aux examens religieux et officiels.


En 1867, se termine la construction de la Chapelle du Pensionnat, dédiée au Sacré-Cœur de Jésus et au Cœur de Marie, réplique de la chapelle de la maison-mère de Saint-Laurent-sur-Sèvre (Vendée). Un miracle y a eu lieu en 1871 (guérison lors d’une neuvaine).  


En 1870, celui-ci est réquisitionné comme ambulance supplémentaire de même que la Maison Saint-Georges, « filiale » du Pensionnat.


En 1899, l’asile communal et les classes communales sont laïcisés. Sera alors ouverte l’Ecole du Sacré-Cœur, rue Potié, réunissant les élèves de l’asile et de trois classes gratuites, tenue par les Filles de la Sagesse avant 1907 et de 1948 à 1967, par des institutrices libres pendant les autres périodes. Les lois anticléricales chassent les Filles de la Sagesse de 19 de leurs écoles nordistes. Le 2 juillet 1914, elles devaient fermer le Pensionnat….il est sauvé par la  guerre et l’Union sacrée.


Au pensionnat, restent un asile gratuit (remplacé en 1906 par une classe enfantine mixte) et deux classes d’externat.





III. LE XXe S. : DES GUERRES A L’OUVERTURE SOCIALE.

 Comme le reste d’Haubourdin, le Pensionnat est touché par les deux guerres mondiales : en 1914, l’établissement reçoit l’ordre de fermer ses classes et devient un hôpital militaire sur lequel flotte le drapeau allemand (Résistance passive des Sœurs). La Seconde Guerre Mondiale laisse une partie du Pensionnat en ruine.

 Au lendemain de la guerre, en 1946, la Chère Mère Sainte Stéphanie quitte la direction de la Congrégation des Filles de la Sagesse et vient achever sa carrière à Haubourdin.  Il y a alors 39 sœurs, 260 élèves au Pensionnat (dont 176 pensionnaires), une classe enfantine mixte de 51 élèves logée au Pensionnat et 3 classes primaires externes au 39 rue Vanderhaghen.

 Le Pensionnat se compose alors de 4 classes primaires, un Cours complémentaire (Collège), une Section féminine (pour les élèves moins bons) et un Second cycle secondaire (Lycée).

Plusieurs changements vont alors survenir : transfert de l’externat au Sacré-Cœur (1948), suppression du Lycée (1952), annexion de la classe enfantine paroissiale au Pensionnat (1952), transformation du « cours familial » (fin de la « section féminine ») en un cours technique divisé en sections commerciale, ménagère et industrielle (supprimée après 2 ans) préparant au CAP (1952 à 1958).

La suppression du Lycée (17 élèves en 1946, 8 en 1950) « mit un certain désarroi dans le milieu habituel où se recrutaient précédemment les meilleures élèves (..) » (Rapport de 1957).

Le nombre des pensionnaires diminue alors fortement. Les externes devenant de plus en plus nombreux, des dortoirs sont convertis en classes, des enseignantes laïques sont engagées

Dans les années 1950 et 1960, les Sœurs s’occupent aussi d’une colonie de vacances paroissiale, d’un centre aéré en août, du patronage du jeudi, des écoles du Sacré-Cœur et de Saint-Georges à Haubourdin et de celle de Wavrin.

 De 1844 à 1965, 121 élèves sont devenues Filles de la Sagesse, 106 sont entrées dans d’autres congrégations.


Le Collège vers 1967 « était un pensionnat de jeunes filles, composé de cinq classes dont deux de 6e.  Certains enseignants étaient des religieuses mais il y avait de plus en plus de laïcs. Les élèves portaient un uniforme : jupe bleu marine, veste avec écusson, chaussettes blanches et petits souliers. Il fallait faire attention à sa façon de parler, de s’habiller et surtout obéir. Le jour de congé était le jeudi et non le mercredi. Le samedi, les élèves avaient cours jusqu’à 16 H 30 » (témoignage de Mme Boidin, ancienne enseignante).


IV. L’ETABLISSEMENT MIXTE.

 En 1968/69, avec l’évolution des mentalités, les pensionnaires sont de moins en moins nombreuses et le prix de la scolarité augmente en conséquence. Beaucoup de religieuses quittent l’établissement dont la survie est en jeu.


 En juin  1969, la décision est prise de fermer le Pensionnat. La solution choisie fut la mixité, en 6e dès 1970. Le collège devient mixte en 4 ans. D’année en année, le nombre d’élèves augmente pour atteindre le chiffre de 14 classes en Collège et 17 à l’Ecole.


 Dans les années 1970, les dortoirs sont transformés en classes, la galerie est refaite en dur, une salle de sports édifiée au fond de la cour, le bas de la chapelle transformé en atelier de technologie et classes. En 2003, est détruit le bâtiment contigu à la salle de sport. En 2007, la Chapelle est arasée : seul le rez-de-chaussée est totalement conservé ; au second étage sont aménagés une grande salle d’études et une salle informatique ; puis au premier étage sont installés une salle de classe, un centre de documentation et d’information (CDI) et une salle de réunion.

    

 Les directeurs successifs sont alors Sœur Marie-Georges (1969/82), M. Verdonck (1982/93), M. Milleville (1993/2007), M. Deprecq (2007/10) et enfin Mme Avez pour le Collège ; Mme Beaurepaire, M. Castelain (1986/95), Mme Bearez (1995/2000), Mme Segard (2000/07), M. Delecroix (2007/10) puis M. Pinte pour l’Ecole.

 En avril 1993, les Sœurs quittaient l’Etablissement. Des liens sont cependant gardés par notre appartenance au Réseau Sagesse.  


** René Choquet professeur d’histoire **